mardi 27 août 2013

Toulouse

Toulouse is talking to you..





mercredi 5 juin 2013

Les envoûtés, Witold Gombrowicz

Les envoûtés, Witold Gombrowicz

Le château enchanté de Gustave Doré. Lavis, plume et encre brune (1867).
Le roman de Gombrowicz propose une action en Pologne : chemins entrecroisés de joueurs de tennis semblables comme frère et soeur, riche héritier agonisant dans son château avec son secrétaire et son fidèle valet, une aristocratie vénale et désoeuvrée, un voyant aux dons miraculeux... Le château de Myslotch, gothique et hanté, permet de mettre en place une atmosphère sombre et énigmatique, proche des tableaux d'un William Turner en fin d'espoir, ou d'un Gustave Doré hâté. Les envoûtés s'entoure d'un lugubre château, des brouillards dans une forêt sombre, des souterrains, des fosses, des fantômes, des esprits malins.. se rapprochant ainsi des stéréotypes du roman d'épouvante

Les envoûtés est un ouvrage publié dans la jeunesse de l'auteur Witold Gombrowicz, qui l'appelle lui-même un "mauvais roman alimentaire" à paraitre dans un feuilleton populaire durant l'été 1939, le reniant ainsi jusqu'à quelque jours de sa mort :  «Je suis néanmoins porté à croire que cette idée de "mauvais roman" fut l'apogée de ma carrière littéraire - jamais, ni avant ni après, je n'ai conçu d'idée plus créatrice.» On retrouve dans ce "roman alimentaire" certaines qualités indéniables : mes amours pour la sociologie et la psychologie m'assènent d'injonctions pour mentionner la notion d'identité développée au fil des pages. Dans cette société polonaise moderne, étant portée par des classes cloisonnées - aristocratie et noblesse, milieux populaires voir pauvreté -, on observe les mélanges observés par des mondains arrogants et leurs penchants bestiaux (Maya, tout particulièrement). L'ambition sociale et l'importance de la réussite, fut-elle professionnelle, maritale ou de réputation, sont des éléments primordiaux pour l'analyse psychologique et le développement des caractères ici présents. Maya et Walczak, joueuse de tennis mondaine et montante et son entraineur attitré issu des classes populaires, se retrouvent donc tout le long du roman apparenté, frappant de ressemblance, dans leurs expressions, leurs réactions... si l'un est capable d'une chose, l'autre aussi et sans doute plus. Le cercle est ouvert.  Mais cette « troublante parenté de leurs natures, [...] comme si leurs mouvements obéissaient aux mêmes mystérieuses lois » semble se refermer sur eux au fur et à mesure que la lecture se prolonge. 

Le champion de tennis Baron Gottfried von Cramm et sa femme Lisa von Dobeneck. (1930)
L'auteur a tout de même bien du mal à aller jusqu’au bout du genre fantastique, le dénouement faisant appel à une rationalité exemplaire : et c'est là sans doute ce qui m'a le plus plu. L'ensemble montre l'importance de la pression et de l'imaginaire sur des événements simples et inoffensifs, le besoin de se créer un enjeu divin, surnaturel, pour se rassurer et dépasser sa nature d'homme - de simple homme, devrais-je dire. Le voyant Hincz est donc la cible de nombreuses railleries sous-entendues qui donne cet aspect dément au personnage, malgré toute sa bonne volonté et ses bons sentiments. Comme le professeur, il est un homme simple, guidé par ses émotions et ses valeurs, et réussissant par son envie plus que par ses dons. Le romancier semble avoir réduit les fantômes au tissu qui leur sert traditionnellement de cosmétique, objet matérialisé et central du château hanté, dans la Vieille Cuisine, siège des fantasmes et des fantômes du château de Myslotch. Le démon blanc dans sa cuisine blanche semble hanter les visiteurs et le prince. Il fait peur par inconvenance, par obstination, ramenant les instincts apeurés de l'Homme au premier plan du récit.
Il me fallut un certain temps pour m’apercevoir que le prince cachait quelque chose. Il avait peur. La nuit, il ne pouvait dormir et venait rôder dans les parages de la Cuisine sans jamais y entrer. Il tournait autour toujours à distance. Parfois il laissait entendre qu’il se passait quelque chose, mais je pensais qu’il divagait. Jusqu’au jour où il vint me trouver : « Grégoire, me dit-il, je vais vous montrer quelque chose, mais n’en parlez à personne. » Il me conduisit à la Cuisine, ouvrit la porte, mais resta sur le seuil en m’indiquant la serviette : « Quel courant d’air ici ! Voyez comme cette serviette remue… car elle remue, n’est-ce-pas ? »

Malgré quelques lourdeurs de style qui m'ont agacé à la lecture (je ne compte plus le nombre de sous-entendus sur la ressemblance du triangle Maya - François - Walczak, par exemple), le récit se lit comme un conte, nous happe comme un film nous plongerait en lui et l'ensemble est délicieux, exposant les tendons - d'Achille ? - de l'âme humaine de façon délicate et ironique par instants. Ne vous laissez pas repousser par les 400 pages, passer le torchon sur la table en vaut la chandelle.

vendredi 17 mai 2013

Nausicaá, aquarium et musée de la mer, Boulogne-sur-mer

Nausicaá, ou le calme de la mer.  



Voilà ma propre petite vidéo de mon passage à Nausicaá. Ce centre national de la mer est un musée et un aquarium public, doté de nombreuses annexes comme des explorations sous-marins, une médiathèque spécialisée dans l'univers aquatique, des expositions temporaires, des conférences, des animations... faisant du centre un lieu de culture scientifique et technique de découverte de l'environnement marin.
Fascinée par la mer depuis des années, il était temps que j'aille visiter le lieu qui se trouve (relativement) proche de mon lieu d'étude. Après un trajet agréable avec des amies direction Boulogne-sur-mer, notre premier lieu pour gambader fût la plage, mitoyenne au bâtiment qui renferme le musée Nausicaá. On la retrouve assez souvent visible à travers les vitres de l'établissement, permettant ainsi aux jeunes errants du sable d'apprécier une vue sur les poissons tropicaux ou encore le bassin des lions de mer :

Source : Page Nausicaá du site TripAdvisor.
 La variété d'animaux présents est impressionnante et je comprends pourquoi certains considèrent Nausicaá comme l'un des plus grands aquariums d'Europe. La visite moyenne estimée par le domaine est de deux heures et demie, mais je reconnais y avoir passé presque quatre heures, éblouie comme une enfant. Point positif du centre national de la mer : la possibilité de sortir du musée pour prendre son déjeuner, dégourdir ses jambes sur le sable, ou simplement fumer une cigarette, puis de pouvoir rentrer à nouveau sans payer et sans attendre vingt minutes pour vérifier que vous êtes bien un visiteur. Cela faisait quelques temps que je n'avais pas connu un lieu proposant ce service et je dois admettre que c'est un énorme plus, surtout pour ce genre de visites. 

De nombreuses choses à voir donc, et malgré l'énorme présence d'enfants et d'enseignants (éduquer les bambins c'est une très bonne chose, mais ne me faites pas croire que je suis la seule à trouver désagréable ces petits qui nous courent dans les jambes et qui ne sont vraiment pas discrets, voir qui tapent sur les vitres pour faire paniquer les mignonnes bêtes dans leur eau..!), le lieu peut être très reposant. L'eau a toujours eu cet effet sur moi, tout du moins. Et l'architecture et l'esthétique du lieu aident beaucoup à préserver cette sérénité de la mer.




Si Nausicaá vous intéresse, c'est par ici pour plus de renseignements pour préparer votre visite : http://www.nausicaa.fr/preparer-sa-visite.html (Si vous n'habitez pas tout près, mais dans la région, la petite astuce, c'est le Pack TER proposé, permettant de payer les billets de TER et la place, ce qui peut vous faire quelques économies selon le tarif qui vous correspond !)

dimanche 12 mai 2013

Richard & Alice - indie game


Il est grand temps de parler de jeux vidéos sur ce blog, m'est avis. Fut un temps où j'avais honte de pouvoir passer des heures et des heures, alerte devant mon écran, à jouer des personnages et des histoires dans des lieux virtuels. Mais c'était il y a quelques temps, et tout cela a bien - un peu - changé. A défaut de vous parler de Dreamfall : The Longest Journey, petit miracle cher à mon coeur, je vous présente ici un jeu indie sorti en février 2013, tout fraichement sur vos écrans !

Richard & Alice est un jeu d'aventure 2D très simplement réalisé au niveau graphique. En surfant ainsi sur le buzz de To the Moon, R&A ne devrait pas tarder à se faire une place confortable dans le top indie games de l'année.

Richard et Alice se retrouvent voisins de cellules en prison, l'un pour avoir déserté des forces armés, l'autre pour meutre. Tandis que le monde extérieur ne connait que la neige depuis des années, leur intérieur est plutôt bien chauffé et accommodant, dans cet univers les gens dehors sont prêts à s'entretuer pour des vivres ou des médicaments. Les plus riches sont dans des zones, plus sécurisées. Les autres... la loi du plus fort. Le monde devient donc un endroit isolé et désespéré, excuse au chaos social.


Les deux personnages se lient donc dès le début du jeu, Richard n'ayant eu de compagnie depuis quelques mois. On apprend ainsi, par le biais de nombreux flashbacks où le joueur incarne Alice l'histoire de la jeune femme et de son fils Barney : pourquoi est-elle en prison, qui est-elle, et où se trouve sa famille ? Richard, quant à lui, se retrouve cerveau du duo souhaitant s'évader pour retrouver liberté et famille.

Bien que très prévisible au niveau de l'histoire, le gameplay est très simple, la bande originale est très douce et bien pensée, les personnages sont creusés, et le jeu haletant. On devine très vite comment tout cela va se finir, mais ce n'en est pas moins une belle aventure et une expérience post-apocalyptique intéressante. Des réflexions sur la nature humaine - dévastatrice et chaotique en ces temps difficiles - côtoient les touches d'humour qui scellent une amitié presque clandestine. Il n'y a pas de réel antagonistes ou vilains à combattre dans ce jeu, simplement des gens ayant survécu au froid et désormais prêts à accomplir des choses jugées horribles pour survivre. Bien qu'Alice ait rencontré beaucoup d'horreurs avant d'arriver en prison, le jeu suggère toujours, plus ou moins implicitement, d'autres points de vue, explicitant ce besoin de survivre et de faire certains sacrifices..


Alors, bien entendu, ce jeu n'est pas pour vous, si vous désirez un graphisme idyllique, des zombies à tuer ou beaucoup d'actions : il s'agit surtout, comme dans To the Moon précité, d'un intérêt pour l'histoire, pour les personnages. Les dialogues rythment Richard & Alice, plus que les réelles actions ou les énigmes, souvent assez simples à résoudre. Par ailleurs, et malgré la courte durée du jeu, il est important de savoir qu'il y a différentes fins possibles ; auquel cas, sauvegarder régulièrement et refaire certains passages pourraient vous aider à poser un oeil complet sur l'ensemble du jeu. Toutes les fins ont quelque à offrir au joueur, en matière de conclusion, d'histoire ou de sensibilité.

Avez-vous d'autres jeux à me conseiller ? Avez-vous aimé celui-ci, si vous y avez joué ?

vendredi 10 mai 2013

The Grandmaster, Wong Kar-wai : la magie du détail.

The Grandmaster, Wong Kar-wai



The Grandmaster est le récit de la vie réelle d’Ip Man, maître légendaire de Wing Chun et futur mentor de Bruce Lee, dans la Chine des années 1930 jusqu’au début des années 1950, lorsqu’il commence à enseigner son art à Hong Kong. S'ajoute bien sûr à cela la vie de son entourage et de ses proches, comme de ses ennemis. Bien que le personnage centrale soit Ip Man, je reconnais avoir trouvé plus d'intérêt dans son homologue féminin, Gong Er, fille de l'ancien maître cédant sa place lors du tourni (comme le montre la bande-annonce, vite vite regardez !).

Des efforts intenses ont été produits par l'ensemble de l'équipe du tournage, la réalisation du film ayant durant sept ans. Les acteurs ont suivi des entraînements draconiens, preuve en est Tony Leung, l'acteur interprétant Ip Man, a été envoyé à l’hôpital à cause d'une blessure importante lors de son apprentissage dans un combat face au fils d'Ip Man lui-même !


Le film prend toute grâce à mes yeux non pas pour son scénario - somme toute assez banal bien que finement montée et qui, grand dieu, s'essouffle complètement pour ne pas dire s'éteint durant les trente dernières minutes - mais bien pour l'esthétique, la prouesse technique, le travail de l'image.. La bande-annonce donne un avant-goût assez distinct. Ce film se regarde comme un ensemble de tableaux de maîtres : il faut apprécier chaque trait de pinceau, c'est un délice. Comme le disait une review sur Rue89 : "Les scènes, décors et combats atteignent un niveau de perfection qui frise l’extase, tandis que la maîtrise de la caméra, des ambiances et des couleurs porte l’œuvre à un stade quasi calligraphique. On comprend vite que pour le réalisateur, dans la plus pure tradition zen, la perfection réside dans le détail. Malheureusement, l’enchaînement de scènes – aussi grandioses soit-elles – peine à faire oublier un récit décousu qui perd toute consistance dans la dernière demi-heure du film." Nous voilà tout à fait d'accord, Philippe Vion-Dury !

Pour autant, c'est un film que je recommande à quiconque trouve de l'intérêt dans la beauté et la précision de la réalisation. C'est un spectacle incomplet qui, même en esquissant de façon très brouillonne des caractères et une histoire, n'en reste pas moins impressionnant et complètement prenant. Je n'ai personnellement pas vu le temps passer, accrochée aux gouttes qui ciselaient l'écran ou aux tissus ralentis sur les peaux. La magie du détail.

Pour une critique plus poussée et plus précise de l'oeuvre, je vous conseille d'aller ici, avec plus de détails sur la politisation du film et des rapprochements avec d'autres films de Wong Kar-Wai. Je trouve les remarques assez pertinentes, mais je n'ai pas assez de culot pour me les approprier.. Tant pis ! 

mercredi 8 mai 2013

Mud, de Jeff Nichols

Mud, Jeff Nichols


« S'il travaille par endroits la matière sèche et troublante de ses premiers films, Nichols vise ici - et atteint parfois - l'évidence des grands récits classiques.» - Les fiches du Cinéma.

Coup de coeur en perspective, as well ! Le réalisateur de Take Shelter, Jeff Nichols, vient de sortir un tout nouveau film et c'est un délice d'une finesse étonnante. Qui fait l'unanimité (allez jeter un coup d'oeil aux critiques presse d'Allocine : on se croit en plein ciel nocturne d'août, avec toutes ces étoiles).

Ellis, jeune garçon du Mississippi, vit avec ses parents, dont le couple bat de l’aile, dans le bayou. Il aime ce lieu sauvage, qu’il explore avec Neckbone, son ami de la ville. Après avoir découvert qu'il existait un bateau suspendu dans les arbres sur un îlot lointain, les deux amis décident d'emprunter le bateau du père d'Ellis sans autorisation pour se l'approprier. Arrivant sur place, Ellis découvre des traces humaines : quelqu'un vit ici. Ils rencontrent en effet Mud, vagabond à l'allure douteuse, qui leur demande de le ravitailler quelques jours, le temps qu'il retrouve une amie, Juniper. Ellis accepte et s'attache au fil des jours à Mud, découvrant peu à peu sa face cachée.. Film de caractères, régulièrement comparé aux livres de Faulkner, Mud est rempli de situations psychologiques où les rapports humains sont forcés, voir tendus. La tendresse qu'éprouve Ellis pour cet idéal romanesque qu'il souhaite incarner se comprend à travers les yeux de l'enfance : en effet, ce "clochard céleste" semble être le parfait héros pour un jeune garçon en opposition avec la vision pessimiste de l'amour de son propre père.

Il s'agit bien ici d'un récit globalement mené à travers les yeux d'un enfant. L'enfance, au centre du récit, se dirige de plus en plus vers la fin de l'innocence le long du film, aboutissant à le nouvel envol accompli par Ellis dans les scènes finales. Avec l'aide qu'il va fournir à Mud, le jeune garçon et son ami Neckbone vont être confrontés à l'amour, au mensonge, à la désillusion, et la foi, toujours présente. Cette foi est celle que les personnages ont envers les gens, l'amour et envers les belles choses de ce monde. Avec Mud, Jeff Nichols interroge tout le pouvoir de croyance de son pays, des plus petites aux plus grandes. Il n'est pas ici question de foi religieuse, mais de mysticisme (qu'on retrouve dans le film symbolisé par des rites ou des reliques adorées). Le récit ne devient jamais trop pessimiste, au contraire : en s'accrochant à la vision de cet enfant qui continue à croire en Mud et en sa ville et ses habitants, le film aboutit à une ouverture lumineuse, loin de ce qu'on pourrait attendre en suivant le déroulement.




Le fleuve du Mississipi apporte une dimension symbolique à ce remarquable récit d'initiation : le bateau dans les arbres, la traversée vers l'île, la fosse aux serpents, l'ouverture vers l'océan de la liberté.  Pur espace symbolique et pur lieu de cinéma, le fleuve, l'espace aquatique en général, marque le temps qui passe inlassablement. C’est par-delà une ligne d’horizon lourdement dramatisée que se trouve l’îlot, de même que la liberté finale de Mud. Les espaces ainsi délimités par cette barrière naturelle viennent trouver une fonction précise dans le récit, chacun réservant aux personnages un type particulier de rencontre ou d'événements.
Personnages de solitude mais foi commune en l'avenir et en l'humanité, Mud et Ellis se retrouvent plus proches encore après leur séparation.


samedi 4 mai 2013

Royal Affair

Royal Affair, de Nikolaj Arcel.



Coup de coeur en vue !

Danemark 1770. Le pays accueille la nouvelle femme du roi, Caroline Mathilde. Au même moment, ledit roi se trouve assigné un médecin attitré, Johann Friedrich Struensee. La passion secrète que voue la reine au médecin va changer à jamais le destin de la nation toute entière. Royal Affair relate une page capitale de l’histoire danoise, oubliée des manuels français. Relation amoureuse mais avant tout intellectuelle, l'idylle se retrouve vite frappée par l'orage. Les deux amants, adeptes des philosophes des Lumières, profitent de leurs positions sociales pour tenter de réformer le pays : renversement de l’ordre social établi, et annonce des révolutions qui embraseront l’Europe quelques décennies plus tard.

Film inspiré d'un roman de Per Olov Enquist intitulé La visite du physicien royal, Royal Affair s'attarde donc sur un événement tout à fait réel de l'Histoire danoise. Cet événement inspira un autre livre, plus érotique, sur la relation entre les deux amants : Prinsesse af blodet de Bodil Steensen-Leth. Celui-ci narre l'histoire du point de vue de la reine, Caroline Mathilde. Le film pointe donc en avant les perspectives de ces deux ouvrages, de façon combinée, pour aboutir à un film mêlant la relation adultère et l'Histoire de la révolution ratée d'un pays.


Et en effet, on est tout d'abord fasciné par la qualité de la reconstitution historique. Rappelons-nous des films à froufrous en tout genre qui se réalisent de plus en plus actuellement (Pride and Prejudice, The Duchess, Les adieux à la reine, Les fantômes de Goya, ..) mais qui n'égalent pas un Barry Lyndon, il faut bien l'admettre. Nikolaj Arcel va pourtant s'en rapprocher, avec des techniques, une esthétique et - à défaut d'un réalisme pointilleux - un choix impeccable d'acteurs principaux. Mads Mikkelsen, si tu m'entends, je pense à toi tout particulièrement. Ainsi qu'à Mikkel Boe Folsgaard, roi fou et sans limite, tout à fait dissonant dans ce 18ème siècle de la bourgeoisie, de la raison et du romantisme quasi-précieux du siècle des Lumières. On peut, ceci dit, trouver la représentation faite de Struensee un poil trop idéalisée de temps à autres, en tant que grand homme de raison sans faille - j'ai tendance à croire qu'il s'agit là d'un point de vue interne à la reine, aveuglée par son regard d'espoir tout autant que d'amante. 





Au-delà de l'aspect romantique du couple d'amants à l'écran, il faut regarder l'aspect historique et politique. Ce fait de l'Histoire danoise a fait l'objet d'une quinzaine de livres, d'un opéra, un ballet et il est même enseigné à l'école. Bien que n'étant pas l'aspect principal du film pour certains spectateurs, je pense qu'il vaut tout le temps qu'on peut passer à s'y intéresser de plus près et c'est en cela que l'affiche française ne me semble pas représentative du film. Ce regard joint de couple dansant... ce n'est pas tout. L'Histoire s'immisce, la politique vient séparer d'un bras de fer les personnages, fussent-ils amants ou non. Les idées des Lumières sont un poil idéalisées, peut-être puisque le temps de s'exporter de la France au Danemark, les propos se sont gonflés et les esprits ont adopté des idéaux qui les dépassaient ; si la liberté de commerce fut à cette époque le cœur des troubles politiques, on ne nous présente ici que sa pure façade, les droits de l’homme. En ce sens, les personnages principaux se rapprochent tous d'une certaine folie, même le plus raisonné d'entre eux. La santé mentale du roi ne fait plus aucun doute, mais Struensee manque de raison dans son élan des Lumières, et sombre dans une "folie" dans son emportement d'idées libératrices qui ne peuvent mener à rien de façon aussi excessive et rapide.

PS : Si vous aimez Mads Mikelsen, je vous conseille la toute nouvelle série Hannibal. C'est un Amour.